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Les tropes du chat

10 août 2013

Du faux débats des "minces" contre les "rondes" (et vice versa)

Le regard de la société, cette grosse pute.     

          Dans notre société excessivement hygièniste, la minceur -sous couvert d'équilibre et de bonne santé- s'impose à la fois comme un critère discriminant au niveau du taux d'attirance qu'une personne peut générer et de l'image sociale qu'elle renvoie. Le bourrelet est rangé dans l'inconscient collectif du côté de la disgrâce et de la paresse. Lorsque l'apparence et la surrapidité ( de l'information, de déplacement, de loisirs etc...),  dominent ça fait tâche. Lorsque que l'on nous assène de messages de tolérance à longueur de séries, émissions de variété, affiches publicitaires ..., ça soulève un paradoxe. Il est donc implicitement suggéré qu'être gros n'est pas un problème... tant qu'on ne l'est pas trop; en effet, les grandes enseignent ne taillent que du 36 (parfois 34) au 46 et si tu n'entres pas dans cette normes 1) tu te ruines en fringues hors de prix ans des magasins spécialisés. 2) Tu achètes sur internet, sans pouvoir essayer (pratique) 3) tu restes chez toi ou tu te ballades à poil, c'est plus convivial quand on reçoit des potes. Un exemple parmis d'autres mais on en trouve plein plein plein comme ça tous les jours.

        La position des quidams sur le poids pourrait donc s'appeler le cul-entre-deux-chaises-bien-pensant : "Non mais tu vois els gens sont comme ils veulent je m'en fous. C'est très bien d'être en surpoids et de l'assumer. Mais pas moi. Ni mon (ma) conjoint(e)/ma meuf/ mon mec, mes gosses etc..." C'est très très mal vu d'être discriminant. Mais fréquenter des gens un peu trop ronds ça donne l'impression qu'on ne peut pas pécho autre chose. Parce qu'on est trop moche. Oui, je vous vois vous offusquer derrière votre écran, peut être que Vous ne penez pas ça. Et ce serait bien, parce que c'est quand même un infâme ramassi de conneries. Mais on l'entend souvent, et ça, c'est moins bien, pour cette même raison.

        Là, on pourrait me répondre que les autres de toute façon, on s'en fout, que l'on vit pour soi. Ce n'est pas faux mais l'homme existe en tant qu'homme grâce à l'altérité, à la confrontation à l'autre. On existe en grande partie par la reconnaissance d'autrui. (et même si on part en ermittage pour le reste de notre vie dans une grotte tou seul, on aura été formé à la pensée en confrontant la notre à celle d'autres humains, on démontera des normes apprises au préalables etc etc...) Donc si l'autrui providentiel te toise avec mépris en se félicitant de ne pas avoir de peau qui pendouille pendant que tu lui cause du dernier débat politico-existentielo-religieux, c'est chiant. Et non, tout le monde ne fait pas (en fait personne, je crois)  l'effort (hélas) de faire abstraction de l'envellope de son interlocuteur, lorsqu'il lui parle, même si  c'est pour dire des choses intelligente. ( Je vous renvoie bien évidemment au personnage de Porcinet dans Sa majesté des Mouches de William Goldin.
Mais quand autrui c'est ton médecin et qu'il ne s'agit plus d'une norme sociale mais de santé?

L'abus de langage mène à la confusion.

       Que ce  soit dans le but de ne pas vexer, de gommer les différences ou par ignorance, force est de constater que les mots ou expressions "fine", "mince", "maigre","anorexique"(**) sont souvent employés comme synonymes ou sont amenés par lien de cause à effet, de même que "ronde", "pulpeuse", "grosse", "obèse", "bien en chair","boulimique"(**). C'est une aberration, que nous retrouvons dans la (tristement) fameuse phrase de Karl lagerfeld : "
Parlez moi des 25% de jeunes filles en surpoids, ensuite on parlera des 2% d'anorexiques". Le surpoids a, en effet un sens très large. On peut avoir un "surpoids" de 2kg ou de 20. La norme dont on se sert le plus souvent pour décider si un poinds est "normal" ou non est l'IMC, ce n'est pas la plus fiable, car elle ne tient pas compte de la morphologie de base de la personne; deux individus de même taille/ poids peuvent être proportionnés plus ou moins harmonieusement l'un par rapport à l'autre et pourtant avoir le même IMC. Il serait préférable d'opter plutôt pour la Formule de Monnerot-Dumaine Poids idéal (en Kg) = [Taille (en cm) - 100 + (4 * Circonférence du poignet (en cm))] / 2 , ou la formule de Creff :

Poids idéal pour une morphologie "mince" = (Taille - 100 + Age / 10 ) * 0,9².
Poids idéal pour une morphologie "normale" = (Taille - 100 + Age / 10 ) * 0,9.
Poids idéal pour une morphologie "large" = (Taille - 100 + Age / 10 ) * 0,9 * 1,1
bien qu'elle soit un peu plus subjective que la première). L'IMC a l'avantage de donner une fourchette de poids, mais reste tout de même inexact et réducteur.

        Se mêlent à ce flou médical, une confusion aberrante du langage. Le terme "ronde" par exemple peut désigner toute femme dépassant le 38. Ainsi, une personne avec  un poids médicalement correct se retrouve englobée sous le même terme qu'une autre bien en chair , certes, mais sans que cela ne lui cause de problème de santé, qu'une autre encore ayant des problèmes de santé bénin ou qu'une personne en état d'obésité morbide. La grosseur étant, nous l'avons évoqué, dépressiée, c'est tout naturellement que les femmes (*) même possédant de très légères courbes voudraient s'en débarasser. Le problème étant qu'au lieu de séparer "poids sain" (pour la santé) et "poids dangereux" on vénère une forme de minceur (de maigreur délirante à minceur "saine") sans opérer de distingo (c'est pourquoi les tailles petites se retrouvent quand même plus aisément dans le commerce vestimentaire). Et que l'on force de manière aussi éhontée la barrière du langage de l'autre côté

      (*) Nous reviendrons sur le statut de la femme par rapport à la minceur.

     (**)  Quant à mêler les TCA (troubles duc omportement alimentaire) systématiquement aux problèmes de poids... ce raccourci est facile et ridicule.. ... nous reviendrons sur ce point plus tard.

 

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